Le bouquetin, animal à la rusticité totale

jan 18, 2023 / 0 comments

https://www.lesantennes.org/le-bouquetin-un-grimpeur-remarquableQuand vous vous baladerez sur la barrière Est du Vercors , du côté du Grand Veymont, il y a toutes les chances pour que, sur  les épingles à cheveux du sentier , vous découvriez la merveille d’un (ou plusieurs ) bouquetins … Impossible de se tromper, l’animal se distingue entre tous par ses cornes fabuleuses en taille, jusqu’à un mètre et chacune peut atteindre le poids respectable de 6 kilos ! Alors évidemment on ne fait pas le malin devant un animal doté de telles armes, et dont le poids peut dépasser 100 kilos ! Par chance le bouquetin est d’une placidité qu’il ne rompt que lorsqu’il s’agit d’affirmer sa supériorité sur d’autres mâles au moment du rut … Enfin j’ai quand même vécu un moment de solitude intense lors d’une descente en rappel de l’Eiger, puisqu’au pied du rappel, deux bouquetins semblaient s’intéresser à ma corde ! J’ai bien essayer de m’agiter, de crier , rien ne semblait les affecter. Ce fut seulement à quelques mètres de leurs cornes qu’ils daignèrent s’éloigner mollement. Les femelles qu’on appelle aussi étagnes sont plus menues que les mâles , elles dépassent rarement les 50 kilos et possèdent de petites cornes comme celle des chèvres. On doit au roi d’Italie Victor Emmanuel surnommé le roi chasseur, ou encore le père des bouquetins, d’avoir préservé l’espèce qui, au 19 ème siècle, était en perdition. Aujourd’hui le bouquetin se porte bien, on le rencontre dans tous les grands massifs où il s’est propagé facilement. Du Grand Paradis à la Maurienne, en passant par les Aravis  ou le Vercors,  on trouve le bel animal. Quand il ne paresse pas au soleil (ce qui semble sa spécialité) le bouquetin est un grimpeur remarquable, il se déplace sur des dalles de rocher avec une aisance dans des cotations qui doivent friser le 4 en escalade . Le sifflement qu’il émet par les naseaux ressemble un peu à celui du chamois mais si les chamois, pendant l’hiver, préfèrent se protéger en forêt, les bouquetins n’ont guère de crainte sur la glace. Leurs sabots larges possèdent une sorte de semelle élastique et spongieuse à pinces tranchantes et dures. Comme le disait le naturaliste Robert Hainard « C’est comme s’ils avaient des chaussures à semelle de crêpes munies de tricounis », les fameux clous en acier des alpinistes d’antan. Malheureusement pour eux, leur aisance les fait parfois prendre des risques et certains se font surprendre par des avalanches. Leur aisance est telle qu’ils arrivent, surtout les jeunes, à se percher dans des arbres morts. Animal à la rusticité totale, le bouquetin peut se contenter de manger des lichens  et contrairement au chamois, il ne fréquente pas l’épaisseur des forêts mais bien les pentes où les arbres sont clairsemés avant de rejoindre, l’été, les alpages d’altitude et les rochers. Allez installez-vous confortablement près du pas de la Ville au-dessus de Gresse en Vercors,  sous le grand Veymont, une bonne paire de jumelle, un appareil photo ou un carnet de croquis et observez les bouquetins , je vous assure c’est aussi intéressant que d’être à la terrasse d’un café !