Si je vous parle d’un athlète capable d’effectuer 1 000 m de dénivelé en un peu moins de 15 minutes, ne cherchez pas seulement dans les podiums des champions de l’ultra-trail. Ce champion n’est autre que le chamois ! Le roi de la haute montagne, c’est lui, l’emblématique chamois dont la seule évocation engendre les cimes les plus altières. Le redoutable chasseur de chamois Hector Tredicini de St Séverin raconte qu’en 1886 il en aperçut un qui gambadait près du sommet du Mont Blanc !  En réalité le chamois se balade à peu près sous presque toutes les altitudes . Ainsi à 45 minutes de vélo de Grenoble et quelques 500 m de dénivelé au-dessus de la ville, les plus attentifs et surtout les plus silencieux peuvent apercevoir le fameux chamois de Chartreuse en train de brouter dans une clairière de jonquilles au milieu des hêtres. C’est avec un alpiniste de renom « Henri Sigayret qui fut le premier à répéter la voie des Français à L’Annapurna en 1979 en compagnie de Yves Morin qui , lui , ne reviendra pas, que j’ai vraiment rencontré cet animal splendide. Henri était chasseur, il opérait du côté du parc des Ecrins dans le secteur de Villard d’Arènes . La chasse était très réglementée. Henri partait avant le lever du soleil, il franchissait souvent la barre des 3 000 m, fréquentant des couloirs de pierre instables ou des névés inconsistants pour le bonheur de s’installer à côté d’une harde . Avec lui, nous attendions des heures observant le jeu des éterlous  (c’est le nom qu’on donne aux chamois âgés entre 1 ou 2 ans). Henri ne tirait presque jamais, planqué dans de petits abris sous roche qu’il aménageait dans la montagne,  il m’expliquait le vieux bouc solitaire , la chèvre prudente qui allait mettre bas ..Avec lui je découvrais comment la taille des cornes, la courbe de leur crochet, permettaient de distinguer un mâle d’une femelle. Entre la mi-novembre et la mi-décembre, c’était l’heure du rut , l’heure où les vieux mâles dominants surveillent leur troupeau et foncent tête baissé sur tout ce qui bouge et qu’ils prennent pour un rival.  J’ai vu des chamois effectuer des bonds de plusieurs mètres et se rétablir sur des rochers, comme s’ils jouaient… Est-il animal plus gracieux ? plus habile dans ses pirouettes ? Le masque noir qui court de ses yeux à son museau lui donne un faux air de bandit d’opérette. Je me demande si les hommes et les femmes des grottes de Lascaux ou de Chauvet ont dessiné sur les parois de leur caverne ce si bel animal ? Du côté des sites préhistoriques de Chartreuse on a peut-être trouvé dans des foyers quelques ossements, parce que le chamois, c’est évidemment comestible et je garde un souvenir d’un bivouac du côté de Courmayeur lors d’un raid à ski où un restaurateur proche du campement nous avait offert des pâtes « au chamois ». Désolé pour nos amis végan, c’était vraiment très bon. Pour la petite histoire, on appelle un chamois un isard dans les Pyrénées et le cri du chamois est une sorte de bellement , de sifflement . Ce bovidé (hé oui c’est sa famille) est un animal diurne qui peut peser jusqu’à 70 kilos et courir à 50 km/h.  il va vivre en moyenne entre 13 et 15 ans et son principal prédateur, croyez-moi, ça n’est ni le loup ni le lynx mais une fois de plus l’homme qui restreint son  espace vital. Les fans de ski se rappelle quant à eux de la distinction « chamois d’or » qui sacre les champions de slaloms spécial, une médaille imaginé par Charles Diebold pour l’école de ski français en 1938 . Vous voyez c’est le chamois : un habile ! Un agile !