Ma vieille

oct 01, 2015 / 0 comments

 

Au cœur de l’hiver, le parc Georges Pompidou est presque vide. Des ombres fuient les derniers rayons du soleil. L’atmosphère est lugubre mais j’aime bien ça. J’aime fouler ce parc les soirs d’hiver, à la tombée de la nuit où le silence emporte mes pensées. 
Ce soir là, la solitude me pèse plus que les autres jours, je ne sais pourquoi. Je me pose sur un banc et me plonge dans mon livre. Je ne me rends plus compte de ce qui se passe autour de moi. Je suis seule. Si seule …

Il y a juste cette « Vieille » assise pas très loin de moi, seule. Je l’observe du coin de l’œil. Elle a l’air triste, tout comme moi finalement. Je la cherche du regard mais je la vois qui le fuit. Alors je me replonge dans ma lecture. 
Il fait si froid. Il serait temps de rentrer maintenant, il se fait tard. Mais je ne veux pas ou plutôt je ne peux pas. Cette femme attire ma curiosité, elle est là qui jette des miettes à des pigeons. Triste …
Je m’approche alors d’elle et m’assieds à ses côtés. Allez donc savoir pourquoi ! Je ne le sais pas moi-même. Son regard s’engouffre alors dans le mien. Pas un mot. Nul besoin de se parler.
Le ciel menace de s’écraser sur nos têtes alors, bras-dessus, bras-dessous nous sommes allées prendre un café chaud. Elle a beaucoup parlé. Et moi aussi. Chose qui ne m’était pas arrivée depuis très longtemps, trop longtemps.
Je lui tends ma veste et lui promets de nous revoir tous les jours. Je sais maintenant pourquoi cette femme m’a interloquée.
Elle aussi avait des choses à dire, tout comme moi, mais à qui ? Pour qui ? Pour quoi ? Toutes les deux nous le savions au fond que l’on se rencontrerait un jour, quelque part, dans ce parc et cela fait  cinq ans que le sourire de la « Vieille », ma « Vieille » comble ma vie. 

Texte : Sandrine Davin
Photo : Sergei Supinski

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