Premières Assises de la dignité, 1ère étape vers un travail de refonte des minimas sociaux pour une vie digne

mai 26, 2017 / 0 comments

 

Se sont donc réunis publiquement, les précaires, les politiques et les associations d’entraides aux plus démunis autour du thème rarement sous le feu des médias et des débats politiques pendant cette période électorale : la dignité des personnes percevant de petits revenus.

Les Premières Assises de la dignité organisées par le collectif de précaires, accompagné par l'association Composite, et soutenu par la ville de Grenoble, ont permis de mettre en relief les questions relevant non seulement des droits à un revenu minium mais surtout d’un droit à un revenu permettant de vivre dignement.

Des incohérences et des injustices dans l'application du RSA

Depuis 10 ans, existe le Revenu de Solidarité Active, le fameux RSA. Mais dans sa mise en oeuvre apparaissent des incohérences, voire des injustices. Des adaptations s’avèrent nécessaires pour que les allocataires vivent dignement et ne se retrouvent pas plus exclus, voire stigmatisés qu’ils ne peuvent déjà l’être dans la vie quotidienne. C’est ce que pointe ce collectif de précaires qui travaille à l'élaboration de propositions pour améliorer les modalités de perception du RSA depuis 7 ans, au sein de "forums RSA" mis en place par le département de l'Isère. Samedi 13 mai, ils les ont présentées au cours d'un événement qu'ils auraient voulu plus médiatisé : ils ont regretté qu'une cinquantaine de personnes seulement soit venue assister à ces Assises. 

La ville de Grenoble a ouvert favorablement ses portes à cette action parce qu’il s’agit « d’un sujet d’une grande importance, qu’un grand nombre de citoyens sont concernés » a tenu à préciser Alain Denoyelle, élu à la ville, pour introduire ces Premières Assises. Percevoir une prestation sociale ce n’est pas seulement une aide financière c’est aussi une question d’intégration dans la vie culturelle, dans les relations humaines, dans la vie en société. La ville rappelle également qu’elle est est intervenue en finançant des aides sociales facultatives auprès du CCAS à hauteur de 200 000€ cette année. Ces aides viennent quand les personnes sont sans ressource, le plus souvent pour combler un retard ou un défaut de paiement des aides de droit commun.

Le collectif de précaires doit faire face à de nombreux écueils

Toutefois, et en dépit de l’existence de nombreuses études, d’éléments de diagnostic, de quelques actions dirigées pour attirer l’attention des politiques, ce thème n’a pas, ou peu, été débattu lors des élections présidentielles. Le collectif doit faire face à de nombreux écueils pour atteindre les cibles politiques qui pourraient permettre de construire un  projet de modification du RSA.

Lors des Assises, le collectif de précaires a présenté les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien et des solutions précises et concrètes (cf. encadré). De plus, pour atteindre son public, le collectif a réalisé deux courts métrages sur les effets de la non individualisation des prestations : dans la première vidéo sur les conséquences de la vie à 2, le RSA ne s'additionne pas quand on se met en couple. Et la seconde présente les incidences d'un salaire perçu par un enfant sur le budget d'une famille au RSA : 1€ gagné par enfant = 1€ déduit du RSA.

Au cours de cet après-midi, conduite par Jean-Michel Asselin (journaliste, écrivain), sont ensuite intervenues des associations qui travaillent auprès de précaires.

Associations et élus ont répondu présents

Tout d'abord deux membres de la FNARS (Fédération des Acteurs de la Solidarité) au sujet du non recours : trop de personnes ne demandent, pour de multiples raisons, ce qui leur revient de droit. 

Ensuite, Véronique Gilet, Directrice régionale de la fondation Abbé Pierre, a posé quant à elle, la question de l’entrecroisement de la précarité avec le logement en faisant 3 focus : le RSA et son organisation permettent-ils un retour à l’emploi et une sortie de l’action sociale? Est ce que le niveau de vie proposé par les minimas sociaux est suffisant, sans restriction et sans arbitrage et avec une incidence profonde sur le mal logement. Est ce que le dispositif d’insertion permet l’insertion sociale et de gagner en citoyenneté?

La fondation Abbé Pierre a d’ailleurs suivi pendant 3 mois les budgets d’une vingtaine de personnes (à la retraite, au chômage, au RSA ou avec le statut d'auto entrepreneur) pour lesquelles le seul moyen de faire face à leur quotidien était de faire des restrictions sur l’alimentation.

Mais aussi Claire Cotte, Déléguée départementale du Secours Catholique, qui a montré son soutien à cette initiative, relève une augmentation du nombre de personnes faisant appel à sa structure et qu’un enfant sur 5 vit dans la pauvreté. Elle a appelé à une action citoyenne et une vigilance de tous.

Comme derniers participants experts, deux membres du MFRB (Mouvement Français pour le Revenu de Base) sont intervenus. Leur présentation des diverses formes que peut prendre le revenu de base, très dynamique et didactique, sont apparues comme des solutions séduisantes pour remédier aux écueils soulevé par le collectif.

Ensuite, plusieurs candidats aux prochaines législatives ont apporté leur regard et présenté leurs propositions. On peut toutefois regretter l’absence d'un candidat LR à ce débat, mais surtout cette désagréable impression que face au travail du collectif des précaires, les candidats ou leur représentants n’ont pas su, ou pas pu, apporter d’autre réponse que la lecture de leur programme.  

Leur présence a tout de même permis de confirmer les difficultés pour les concitoyens de faire remonter leurs observations au niveau national. S'ils sont nombreux à proposer d'associer les précaires dans leur mandat, les formes de cette associations restent floue. Ainsi, Olivier Véran, pour en marche, a, pour réponse, transmis son numéro de portable à Anne Benoit-Janin qui accompagne bénévolement le collectif de précaires.

On peut également regretter l’absence de débat. Ces Assises ont permis de réunir autour d’une même table les allocataires et les (futurs) députés. Sans ressentir chez les premiers une quelconque colère (à la limite de la résignation), les seconds ne semblaient pas avoir pris connaissance des détails des propositions du collectif qui avait pourtant constituer un document fourni et très argumenté. 

Espérons qu’à l’issue des élections législatives, le collectif de précaires puisse trouver une oreille attentive auprès des futurs députés pour construire ensemble un travail de refonte des minimas sociaux adaptés au quotidien des plus précaires dans le respect des droits de l’Homme.

Marie-Rose Gilles